Enfance

Maison natale de Pierre Bourge

Pierre Bourge voit le jour le 21 août 1921. Il est fils unique d’un couple d’agriculteurs.

Ci-contre, la maison natale de Pierre Bourge située au lieu dit "la Grouas" dans l'ancienne commune de Saint-Etienne-sur-Sarthe, rattachée à Saint-Aubin-de-Courteraie en 1816, à 15 km environ à l'ouest de Mortagne-au-Perche (Orne).

A 5 ans, il est déjà fasciné par le scintillement des étoiles, phénomène naturel qui le marquera toute sa vie.

Classe de 1933

En 1933, alors âgé de 12 ans seulement, il est contraint de quitter les bancs de l’école du village pour raison de santé.

Sur la photo de classe, Pierre Bourge est, au dernier rang, le deuxième élève en partant de la gauche. Ses parents et sa grand-mère paternelle ont également été élèves de cette école.

Dès lors il s’instruit au travers des nombreux livres que ses parents lui achètent, dont le Manuel Pratique d’Astronomie de Lucien Rudaux qui le marquera profondément.  Il devient ainsi, naturellement, autodidacte.

Pendant l'occupation allemande

Pendant la seconde guerre mondiale, il apprend le métier d’horloger à L’Aigle (Orne). Cette dextérité qui lui permettra plus tard de monter un observatoire astronomique complet, avec des instruments à entraînement horaire de précision.

En période d'occupation, tout instrument astronomique pointé vers le ciel pouvait ressembler à une arme antiaérienne. Avec précaution et discrétion, Pierre Bourge continue néanmoins à observer le ciel.

Ci-contre, un extrait de son carnet d'observations.

Fixée sur un chevalet, cette chambre noire équipée d'un objectif de longue vue de 43 mm de diamètre est associée à un mécanisme de réveil-matin qui actionne un obturateur toutes les trois minutes.

Cet assemblage "fait maison" sert à photographier en chapelet l'éclipse partielle de Soleil du 10 septembre 1941 ainsi que l'éclipse partielle de Lune du 15 août 1943.

En 1943, Pierre Bourge est réfractaire au S.T.O. (Service du Travail Obligatoire).

Souffrante depuis longtemps, sa mère disparaît en décembre 1944.

Après guerre, tout devient possible

En 1945, avec son ami Jean Chauvet, Pierre Bourge fonde la Société Astronomique de Normandie, section normande de la Jeunesse Astronomique de France (le bulletin de création, dactylographié, est reproduit ci-contre). Jean Chauvet en devient le président, Pierre Bourge le secrétaire.

Cette association publie la revue Le Ciel Normand, qui deviendra plus tard Le Ciel, puis Ciel et Fusées, et enfin Ciel et Espace.


En 1949, Pierre Bourge devient distillateur à domicile, activité saisonnière qui s'avère compatible avec ses activités astronomiques. Il représente la 5ème et dernière génération de la famille à exercer ce métier. L'alambic moderne, d'un poids d'environ deux tonnes, était tracté par un Dodge 4x4 provenant des surplus de l'armée américaine.

En 1953, Il se lance dans la production de jus de pomme. Après la transformation d'un vieil alambic en pasteurisateur et la construction d'un bâtiment de 80 m² prévu à cet effet, 20.000 litres de jus de pomme sont produits en mis en bouteille au cours du mois de novembre. Une grande partie de cette production est distribuée dans les écoles, collèges et lycées d'Alençon.

En 1956, Pierre Bourge réalise en seulement deux mois un observatoire dans le bourg de Saint-Aubin, au lieudit la BarbotteLa coupole métallique tournante de 2,90 m de diamètre est installée à cheval sur le faîte de la maison. La construction d’une structure en béton est nécessaire pour soutenir la coupole et la toiture.

L’équipement complet consiste en un télescope de 400 mm de diamètre, et un gros objectif de l'aviation américaine associé à une vieille caméra 35 mm, permettant de filmer les éclipses de Lune. L'équatorial "maison" est réalisé à partir d'un moyeu de char allemand, détruit sur la commune le 14 août 1944.

En 20 ans, cet observatoire accueillera environ 3000 visiteurs.

En 1958, il devient fabriquant de lunettes astronomiques (objectif d'un diamètre de 52 mm). Exceptées les lentilles, il réalise tout à domicile : tubes en dural tournés et filetés, pièces de fonderie, trépieds en bois, et peinture au pistolet.

Le tout est expédié par la Poste… une première en France !

En 1963, à Reillanne (Alpes de Haute Provence), il organise et anime avec Jean Fulcrand le premier stage d'astronomie en France dans le cadre des Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Eduction Active (CEMEA).

Pierre Bourge sera instructeur national d’astronomie aux CEMEA jusqu’en 1979.

En 1966, s’inspirant du Géocycle conçu avec l’aide de Jacques Apel onze ans plus tôt, Pierre Bourge conçoit le Géorama, maquette en 3D à vocation pédagogique. Celle-ci permet de comprendre : le jour, la nuit, les saisons, les phases lunaires, et les éclipses de Lune et de Soleil.

Aujourd’hui fabriqué et distribué par Jeulin (Mediascience), cet appareil équipe de nombreux établissements scolaires.

Un an plus tard, il dessine et conçoit le Miniciel, carte céleste tournante en carton qui permet de connaître l'aspect du ciel pour chaque heure de toutes les nuits de l'année, pour des lattitudes avoisinant celle de la France métropolitaine (entre 40° et 55° nord).


En 1969, Pierre Bourge co-écrit avec Jean Lacroux le livre A l’affût des étoiles, véritable bible de l’astronomie d’amateur, qui a été réimprimé 17 fois et traduit en italien et en espagnol.


En 1971, Pierre Bourge fonde l’Association Française d’Astronomie et sa revue Ciel et Espace, qui paraît à partir de janvier 1972.

En 1974, réalisation du premier exemplaire du télescope équatorial à fourche de 200 mm de diamètre, dit  télescope « Pierre Bourge ».

Après une description dans Ciel et Espace puis dans Mon télescope et mon observatoire… Pourquoi pas ?, ce télescope sera reproduit et perfectionné par des centaines d’amateurs partout en France.

En 1976, Pierre Bourge fonde avec Jean Fulcrand l’observatoire d’Aniane (Hérault). Avec l’aide de plusieurs bénévoles,  trois coupoles sont érigées dans la garrigue, au sommet d’une colline, ainsi qu’un bâtiment servant de salle de réunion, de laboratoire photo et de laboratoire d’optique.

1978 : la première édition du rassemblement astronomique annuel de la Pentecôte est organisée au domicile d'Agnès et Pierre Bourge, à Saint-Aubin de Courteraie.

Dans les années 90, pour des raisons de logistique, ce rassemblement est accueilli à la ferme pédagogique des Gaillons, puis au moulin de Saint-Langis (près de Mortagne-au-Perche).

En 1980, Pierre Bourge construit son second observatoire personnel à Saint-Aubin de Courteraie, au lieu-dit Le Châtel.

Installé dans le jardin, celui-ci abrite un télescope de 400 mm de diamètre.

1951 : rencontre avec Agnès Bourge

Pierre Bourge fait la rencontre d'Agnès Douley, jeune institutrice originaire de Mortrée (Orne), qui vient d'être nommée à Saint-Aubin-de-Courteraie. Celle-ci devient son épouse en juillet 1954.

Cette rencontre joue un rôle important en faveur de la vulgarisation de l'astronomie, notamment pour le développement des revues successives et des livres. Le travail et le soutien d'Agnès, en particulier sur les plans organisationnel et administratif, sont considérables.

Hommage de Serge Toussaint à Agnès Bourge

1981 : le tournant

Après 36 années consécutives consacrées corps et âme à publier une revue d’astronomie, Pierre Bourge est démis de ses fonctions de directeur de la revue Ciel et Espace par Denis Bordat, président de l'Association Française d'Astronomie, lors du conseil d'administration du 10 novembre 1981.

Denis Bordat n'est pas un astronome amateur, mais un bureaucrate qui fait de la politique. La décision de cette éviction est prise arbitrairement, sans aucun vote, avec l'aval de la toute puissance commerciale qui s'est infiltrée peu à peu dans le conseil d'administration. A compter de cette date, l'astronomie commerciale remplace l'astronomie populaire.

Le fait d'avoir été démis de ses fonctions de directeur de Ciel et Espace offre à Pierre Bourge l'opportunité de se consacrer, avec Jean-Marc Becker, à la rédaction du livre Mon télescope et mon observatoire… Pourquoi pas ? qui n'aurait probablement jamais vu le jour autrement.

En 1986, Pierre Bourge et ses deux fils font un séjour d'une semaine à l’Observatoire du Pic du Midi pour y filmer, avec une caméra 35 mm spécialement adaptée, les protubérances solaires grâce au grand coronographe de 260 mm de diamètre.

Après la fin de son implication dans l’AFA, c’est avec le soutien de très nombreux amis et astronomes amateurs qu’il fonde en 1985 l’Astro-Club de France et sa revue Astro-Ciel qui paraîtra jusqu’en 1995 (55 numéros).

Contemplation - réflexion

En 1992, en lien avec Gilles Sallard et sa Ferme Pédagogique des Gaillons (Courgeoût, Orne), Pierre Bourge créée avec plusieurs amis La Cité du Cosmos, un lieu d'animation, de contemplation et d'échange consacré à l'astronomie et à la Nature. Dans les années 2000, cette initiative se transforme pour devenir le musée Espace Pierre Bourge, hébergé au Moulin de Saint-Langis-lès-Mortagne.

Grâce à la construction d'un coronographe de 100 mm de diamètre et d'un abris tournant réalisé en bois et feuilles d'aluminium, Pierre Bourge peut désormais observer les flammes du Soleil, et surtout les filmer au ralenti pour réaliser des montages vidéo spectaculaires.

Le 29 mars 2006, il observe à Saloum, en Egypte, ce qui sera sa dernière éclipse totale de Soleil. Avec 26 déplacements dans le monde, il fut détenteur du record français des observations d’éclipses totales ou annulaires de Soleil.

Dans les dernières années de sa vie, outre la réédition de ses mémoires, Pierre Bourge se consacre à l’écriture de plusieurs ouvrages à caractère philosophique :

  • Enfants terribles du Cosmos
  • L'Univers ce méconnu
  • Lumière sur le réel invisible
  • Indignés, réagissez !

Décès virtuel

Samedi 10 novembre 2007, le décès de Pierre Bourge est annoncé par un internaute anonyme. La rumeur, qui se répand comme une trainée de poudre au sein de la communauté des astronomes amateurs et suscite beaucoup d'émotion, est heureusement vite démentie par l'intéressé lui-même !

Hommages, remerciement et interview à la radio.

Pierre Bourge s’éteint à l’aube du 21 juin 2013, à moins d’une heure du solstice d’été, clin d'oeil au Soleil et à la Lumière, les grandes passions de sa vie. Sur la tombe de Pierre et Agnès Bourge est gravée l'épitatphe suivante : "nous préexistons, nous existons et nous survivons dans la lumière."

Le dessinateur Issartial rend hommage à Pierre Bourge.

Distinctions

  • Lauréat de la Société Astronomique de France (1960 - 2001).

  • 1976 : Pierre Bourge est fait Docteur Honoris Causa de l’Université de Buenos Aires.

  • Le 29 avril 2000, à l'occasion d'une cérémonie organisée à la Cité des Sciences et de l'Industrie, à la Villette, le nom de Pierre Bourge est attribué à l'astéroïde n° 13.674, découvert, le 30 juin 1997, à l'Observatoire de la Côte d'Azur.

  • Le 25 novembre 2002, par décision ministérielle, Pierre Bourge se voit attribuer la médaille d'Or de la Jeunesse et des Sports.

  • En 2013, il reçoit la médaille d’honneur scientifique du Laboratoire de Recherche sur la Foudre.

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Cette biographie est extraite du livre Mémoires d'un Chasseur d'Etoiles (auto-édition Pierre Bourge).